Le monde du bruit
Le strapontin resta vide. Wictorius avait disparu dans le fleuve cruel. Affolé, Sylvester descendit du clocher, bondit dans le poste de pilotage.
- Dolph, il faut faire quelque chose !
- Mais calme-toi, collègue ! Le Chef sait ce qu’il fait. C’est un espion de première classe, avec des diplômes, il a bien le droit d’aller nager pour se détendre un peu…
- Mais il n’a même pas enfilé de maillot de bain !
- Tiens, c’est étrange, tu as raison… On devrait peut-être alerter la Senhora Beatrix ?
- Penses-tu ! Elle a bien assez à s’occuper à diriger le drone. Je vais plutôt suivre le Chef au sonar ! S’il a des soucis, tu plongera le sauver !
- Je prépare mon matériel, grenades et fusil d’assaut sous-marins !
Pendant que Dolph se débattait avec le manuel d’emploi du sonar rédigé pour une étrange raison en mauvais español, Wictorius nageait rapidement vers l’arbre qu’il avait choisi d’aller examiner de plus près. Sa tête bien faite n’eut besoin que d’une seconde et quatre dixièmes pour se mettre en mode aquatique. Poumons en mode natation prolongée, pronto. Muscle en régime lent, pronto. Puis il lança ses principaux implants d’espionnite aigüe. Ouverture maximale des yeux à triple vision, pronto. Lancement magnétoscope cérébral, pronto. S’il devait trouver des indices, il devait aussi en ramener des preuves…
Déjà, Wictorius apercevait une première racine qui s’extirpait de la vase.
Notes confidentielles, onzième jour de la mission numéro 237. Je m’approche d’un suspect par voie sous-marine. Le bruit d’hélices reste lointain, mais j’entends aussi des bruits inconnus, inquiétants… Je traverse actuellement une nuée de piranhas, qui s’écartent sagement. Un crocodile me regarde nager un instant avant de se détourner, ce qui ne m‘étonna guère. Même les animaux sauvages savent qu’il ne vaut mieux pas se frotter à moi !
La suite lundi !