Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 18:08

Bonjour à toutes et à tous.

 

Petit rajout à la chronique sur les objets du Futur sur Philippe Starck, que je viens d'écouter à la radio. Non pas donc sa production, mais sur sa parole, plus particulièrement uenidée qu'il développe depuis longtemps, la disparition de l'objet !

 

Concept que j'avais quelque mal à comprendre avant de commencer concrètement ma formation d'écrivain SF ! Comment un designer pouvait-il prononcer l'arrêt de mort de son métier ?

Mais en réalité, ce concept n'a rien de si farfelu ou provocateur. Il est basé sur des logiques en marche, et non des avancées ou progrès, deux mots beaucoup trop liés à de la propagande pro-technoscience.

 

Si nous voulons épargner les matières premières sur Terre, il faut moins produire.

Si nous voulons nous rapprocher de la Nature, il faut réduire tout ce qui nous en éloigne.

Si nous voulons redevenir nomade, nous devons revenir au plus léger, au plus simple.

Si nous voulons continuer à accumuler, nous devrons alors réduire la taille des objets.

 

D'où moins d'objets, plus petits. Voir leur quasi disparition. Une réalité potentielle à venir absolument fascinante pour un écrivain SF

Tout comme nos si proches ancêtres nomades qui voyageaient avec leurs armes, vêtements et outils sur eux, nous voyagerons avec nos mémoires additionnels dans le cerveau, nos moyens de communications dans le poignet, habillés d'un habit été-hiver au décor changeable, accompagnés de notre robot aux multiples usage, qui montera au besoin une tente d'une solidité à toutes épreuves.

 

Je commence à peine à entrevoir ce que signifie cette disparition de l'objet, de l'industrialisation telle qu'elle née dans une grande brutalité au 19ème siècle en Europe.

 

Nous devrons à coup sûr redécouvrir la simplicité des choses. Quelle civilisation sera-t-elle capable de franchir ce cap, forcée et contrainte, ou bien par choix assumé et voulu ? Réponse bientôt...

 

A bientôt.

Gulzar

 

 


Partager cet article
Repost0
16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 17:49

 

Bonjour à toutes et à tous.


Aujourd'hui, de véritables objets du Futur, de Science Fiction même, complétement inutiles à vrai dire...


floating-furniture

 

Grâce à de mystérieuses technologies à base d'aimantation, nous voilà avec des Bouddhas et de la lumière flottant dans l'espace, niant la pesanteur, ridiculisant Newton et nous amenant cette légèreté qui nous manquait tant !

Nous voilà confronter de nouveau à la magie... sans plus avoir besoin de sorciers et autres croyances liées aux forces de la Nature.

La nouvelle magie, c'est la Technologie.

 

Il est frappant également de noter que les industriels ont cru bon de fabriquer d'abord des objets tournant autour de la spiritualité, de la lumière, et non un pot de fleurs ou un grille-pain...

 

Alors, l'apesanteur, l'avenir de nos foyers ? Pourquoi pas, même si cela entraînera un surplus de consommation d'électricité. Reste sans doute qu'il n'est pas possible, en l'état, de déplacer comme on le souhaite ces objets statiques.

 

A noter qu'il sera alors devenu facile de passer l'aspirateur ou le chiffon pour la poussière !

 

A bientôt avec un autre objet du Futur.

Gulzar

 

Partager cet article
Repost0
15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 13:18

Bonjour à toutes et à tous !

 

banniere GULZAR ils arrivent 1 internet

 

Juste un petit mot pour vous signaler un article sympathique sur le site L'encyclopédie de l'étrange, qui regroupe des chroniques SF, consacré à ma série de courts textes Ils arrivent !.

 

Rendez-vous donc sur

 

http://www.mondesetranges.fr/spip.php?article1276

 

A demain !

Gulzar

 

 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 13:46

Bonjour à toutes et à tous !

 

En attendant de prochaines chroniques en écriture, voici une carte, découverte par hasard lors de mes pérégrinations toilesques !

Il s'agit de la représentation de la pauvreté matérielle sur la planète Terre. Je vous laisse la regarder quelques instants, et je vous dis à demain...

Gulzar

 

carte pauvreté dans le monde

Partager cet article
Repost0
10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 11:06

Bonjour à toutes et à tous !

 

Une chaise du Futur aujourdhui, celle du désigner Verner Panton, qui date tout de même un peu, de 1959 pour le premier prototype si mes renseignements sont exactes !

 

verner-panton-chaise plastique

 

Quoi dire, sinon, qu'il s'agit là d'un pur chef d'oeuvre, au sens strict, c'est à dire indépassable. Car Panton a su utiliser le plastique sous sa forme ultime. Cette chaise n'a besoin d'aucun boulon, aucun clou, aucune pièce à rajouter, aucune peinture à recevoir, aucune toile à tendre.

Elle sort parfaite, déjà finie de son moule. Laissez refroidir, et asseyez-vous ! pourrait être son slogan.

Pour l'avoir déjà essayer, elle est très confortable, stable, solide.

Personne ne fera mieux avec cette technologie. Jamais ! Le futur lui appartient... Car cette chaise est passée de l'état de prototype de salon du meuble réalisé à la main, à la petite série. Puis plus importante grâce aux machines à injecter le plastique qui rendent son prix bien plus abordable. Il existe même un modèle pour enfant !

De révolutionnaire esthétiquement, cette chaise petit à petit envahit notre univers, devient une norme, une évidence...

Gulzar

Partager cet article
Repost0
8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 08:04

Bonjour à toutes et tous !

Longue et intriguante chronique sur un film d’animation récent, Numéro 9, film d’animation de Shane Acker diffusé par M6 vidéo, que j’avais hâte de visionner, tant les personnages et le sujet m’intéressaient !

 

numero9 4
Mon sentiment est pourtant mitigé, comme souvent à propos de la narration. J’y retrouve le même souci que pour le récent Moon, que je chroniquerai sous peu.
 

*

Mais tout d’abord, résumons l’histoire. Une terrible guerre oppose les humains aux machines d‘un nouveau genre. Et les humains perdent… Un savant, dont nous découvrirons qu’il est justement à l’origine de ces machines, décide de créer de petites entités, au nombre de neuf, afin de lui succéder. Le numéro 9 se réveille enfin, erre dans les ruines d’une cité détruite, et retrouve les autres… Le film se situe dans une hypothétique Europe, très proche de celle nazie des années 30 et 40.

 

numero 9 7
Pour moi, deux grosses qualités ressortent immédiatement du film !

Tout d’abord, le formidable travail graphique sur les décors, sur les entités elles-mêmes, faite à partir de tissus, de fermetures éclairs, de bois, de fil de couture, de boutons et de métal ! C’est très réussi, vraiment ! On y croit avec grand plaisir ! Cette idée de bricolage est bonne. Le savant réalise ses entités, ces marionnettes animées pourrait-on dire, avec les moyens du bord, dans une ville aux abois, encerclée par les machines, sous les bombardements et les restrictions. Il y a là une logique narrative qui se tient.

 

numero9 6
Ensuite, l’envie du réalisateur de réaliser un film animé en 3D avec un ton plus adulte, angoissant, sans grosses farces, sans humour récurrent, est louable. Sans atteindre sa qualité narrative et humaine, loin s’en faut je vais y venir, Numéro 9 pourrait se rapprocher de l'extraordinaire Max et Mary, film d’Adam Elliot. En effet, ce film d’animation sur le même principe que Wallace et Gromit des studios Aarman s’éloignait justement du ton délirant et charmant de ces derniers pour aller vers le plus grave.

 

numero9 3
Mais bien vite, une fois le film fini, je me suis retrouvé frustré… Car Numéro 9 n’a tout simplement pas de fin, de morale explicite, de sens en vérité ! Ce n’est pas un exercice purement gratuit, les rapports entre les entités sont intéressantes, le montage est intelligent. Mais la narration est incomplète…
Détaillons un peu. Nous apprenons à la fin que le savant, un homme naïf cruellement dépossédé de son invention par une méchante dictature, désespéré par la fin imminente de l’Humanité,qu‘il a indirectement provoqué, a en réalité divisé sa propre âme en neuf parties, neuf entités. Par inconscience, Numéro 9 remet en marche une affreuse machine, qui capture ces parties d’âme… Tant pis, je vous révèle la fin du film ! Les entités survivantes, dont Numéro 9, libèrent ces parties de l’âme du savant, qui s’envolent au ciel.


Et voilà, c’est tout.

Pourquoi une telle démarche du savant ? Dans quels buts ? Que deviennent les entités restantes ? Le monde va-t-il redevenir humain ? Rien de tout cela dans le film, à part une vague historiette, à base d’âme, concept très peu narratif !!!

 

numero9 1
Le vrai sujet du film à l’origine me paraît être celui-ci, comment l’humanité peut-elle survivre, puisque les machines tuent, massacrent tous les humains ? En prenant une autre forme !
C’est effectivement le début du film. Et tout du long, j’étais persuadé que ces entités contenaient en elles de quoi, en se réunissant, reconstituer l’espèce humaine ! Par du patrimoine génétique, par autre chose encore. Qu’elles représentaient un espoir, un avenir.
Mais non. La démarche du savant, personnage tout de même caricatural, est incompréhensible, n’a aucun sens… Certes, il a perdu son âme en apportant son soutien aveugle à une dictature meurtrière et guerrière. Mais à quoi bon la diviser ? Pourquoi finalement ses neuf entités ? Et quel est le sens de leur existence ? Le film n’en dit rien ! À aucun moment ! Nous les voyons lutter, se battre pour leur survie. Mais sans but réel.
Mais peut-être est-ce cela, être un humain..?

Je suis un adulte, et je n’ai rien compris à la finalité du film. Je doute qu’un enfant y trouve une logique, une morale utile, sans faire d’ailleurs de moralisme

*

Numéro 9 est donc à mon sens un film sensitif, de matière. Mais pas d’histoire, encore moins de morale humaine… C’est tout de même extrêmement dommageable, voir impardonnable à ce niveau de création. C’est bien le premier film d’animation que je visionne qui n’a aucun sens narratif !
Une explication pourrait être que ce film à pour origine un court métrage, assez énigmatique… Les auteurs ont-ils voulu conserver ce mystère ? Mais mystère ne signifie aucunement perte de sens.

*

La machine infernale en elle-même, quel intérêt narratif apporte-t-elle réellement ? Numéro 9 possède une espèce de pile, qui mise par erreur dans le thorax de l'affreuse machine, l'éveille. S'en suit une poursuite au cours de laquelle elle avale les âmes des entités. Les survivantes tentent de détruire la machine, avant que Numéro 9 ne parvienne à les convaincre de sauver les âmes prisonnières d'abord...

Une question se pose alors. Pourquoi le savant a-t-il donné la pile à Numéro 9 ? Pour quel usage initial ? Pour apporter de l'énergie à quelle machine, à quel processus ? Nous n'en saurons rien, ce qui est tout de même extraordinaire... Rappellons que la lutte contre la machine doit durer largement plus d'une demi-heure du film, alors qu'il ne s'agit que d'une erreur de Numéro 9 !

S'agissait-il de "mettre de la bagarre" dans le film ? Sans doute...

Cette part de hasard certes existe dans la vraie vie. Il est même tout à fait possible de l'incorporer à un récit !

Mais dans Numéro 9, je trouve qu'elle est gênante, puisque nous perdons totalement en route le sens des actes du savant créateur des neuf entités. Hors il est la raison d'être du film !

 

*

J'ai tenté de ne pas en rester à mapremière impression désagréable. Car à la réflexion, il est possible de ressentir le film tout autrement.

Numéro 9 est peut-être alors bien plus pertinent, dérangeant que je le ressentais !

Livrés à eux-mêmes, les entités dévient du plan du savant, que nous ne connaîtrons jamais... Numéro 9 et les survivantes vivront leur vie, sans se soucier de faire renaître l'Humanité...

Nous sommes alors dans une narration vraiment novatrice, en tout cas audacieuse, puisque rompant avec nos habitudes narratives ! L'histoire humaine mise à mal par ses créations technologiques, la conscience déchirée errant sans but, voilà alors le thème du film !

Le scénario n'est plus un chemin savamment pensé, mais une errance dans un désert... Le hasard prenant sa pleine et entière place.

Numéro 9 est sans doute alors ce que l'on pourrait qualifier de film chaotique, au sens de la Théorie du Chaos qui révolutionne la science depuis la seconde moitié du 20ème siècle.

La conséquence est que la volonté humaine est alors contrecarrée par le hasard, le comportement imprévisible des entités, des créations technologiques développant leur vie propre ! Sujet très contemporain donc.

Tout ce qui est donc pensé, programmé par l'Humanité, en l'occurence un savant, est dépassé, mis à mal, annihilé par d'autres volontés.

Nous assistons alors vraiment à la fin de l'Humanité. Une autre vie artificielle a pris sa place.


numero9 5
Néanmoins, utiliser le concept d’âme relève purement et simplement de la fainéantise narrative… L’âme est un concept religieux, et doit le demeurer. Les auteurs de Numéro 9 ont réutilisé un cliché éculé, la bonne vieille opposition entre âme et science dévoyée, Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Mais n’en n’ont rien fait de nouveau, du moins en apparence.

Alors certes, les religions nous racontent de belles histoires, mais il me semble que les auteurs de Numéro 9 auraient dû travailler en profondeur l’essence même de leur histoire à eux, pour lui donner une existence plus charnelle, plus réaliste dans le comportement humain.
Numéro 9 aurait été alors un immense film ! Qu’il n’est donc pas, faute de narration…


A moins qu'il ne soit un film révolutionnaire, basé sur un scénario dit chaotique, refusant l'emprise de structures narratives classiques....

 

Je vous laisse seul juge, ayant moi-même du mal à trancher !

À bientôt, avec d'autres chroniques de films !
Gulzar

Partager cet article
Repost0
8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 07:31

Bonjour à toutes et à tous.

 

Après avoir lu il y a peu Stalker ,que j'ai chroniqué, je viens de commander Il est difficile d'être un dieu, roman d’Arkadi et Boris Strougatski, de 1964, chez Denoël. J'ai hâte de le lire je dois dire ! Chronique fin septembre sans doute.

Je finis de lire Le ressac de l'espace de Philippe Curval, et j'attaque En panne sèche d'Eschbach dans la foulée ! Ensuite m'atttendent six volumes de La culture de Iain Banks, que je n'avais pas encore lus, je confesse ma faute..!

A bientôt.

Gulzar

Partager cet article
Repost0
5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 08:02

Bonjour à toutes et à tous.

 

Petite réflexion ce matin sur un aspect de mon carnet de notes qui peut certainement vous intriguer... Pour un auteur d'écrits d'Anticipation, je semble ne pas lire beaucoup, et consacrer beaucoup de temps, et donc de chroniques, au cinéma !

*

 

Il y a pour cela deux raisons très précises. Il n'y a pas de hasard dans ma démarche d'auteur.

 

Tout d'abord, en plus de mon oeuvre littéraire, j'ambitionne d'écrire des scénarios de longs métrages, voir de série SF pourquoi pas. C'est une manière de propager de bonnes histoires différente du livre, plus complexe à mettre en oeuvre, plus hasardeuse aussi, mais que j'ai très envie de tenter. Je prend des notes actuellement sur des films à venir par exemple.

 

Il n'est donc pas absurde de visionner des films, de connaître le maximum d'oeuvres SF, de X-Files à Solaris ! Non pas d'en avoir entendu parlé, mais de réellement les visionner, parfois d'écrire dessus lorsque le film me touche, que j'ai de la matière ! Cette intérêt pour le travail des autres, récent ou plus anciens, essentiel comme plus rare, c'est plus que de la politesse, c'est une nécessité absolue. Il y a tant de films SF naïfs, mal écrits, que j'ai nulle envie d'en rajouter...

 

La connaissance n'a jamais fait de mal à personne. Vous voulez devenir horticulteur, apprenez les fleurs, les plantes. Vous voulez devenir scénariste, commencez donc à regarder un film par jour. Telle est ma démarche, simple et laborieuse. Ayant épuisé les vidéothèque de mes amis, de la ville où j'habite, j'ai commencé à passer commande, à acheter du dvd d'occasion sur des sites de vente... Ma recherche est désormais systématique. Tout voir avant de donner à voir à mon tour, si j'ai la chance de voir exister un jour à l'écran un de mes scénarios

*

Mais il existe une seconde raison, plus fondamentale, pour laquelle je consacre beaucoup de temps à visionner des films, de tous genres cette fois-ci.

En quoi consiste le métier d'écrivain SF ? A raconter de la SF, à explorer les futurs de l'Humanité ?

Certes oui ! Mais encore plus basiquement ?

 

Raconter des histoires, tout simplement.

 

Et l'on voudrait que je me prive de l'art narratif d'Alfred Hitchook, Spielberg, Alain Resnais, Marco Ferreri, Chaplin, Bergman, Tarkoski, Tati, Kubrick, Matsumoto, Ford, Kurosawa, Truffaut, Anthony Mann, Etaix, Woody Allen, j'oublie des centaines de réalisateurs pour ne pas faire trop long...

C'est pure folie ! Les histoires de grande qualité, qui vous poussent à aller plus loin, vous libère l'imagination, ne sont pas que dans les livres, elles sont aussi au cinéma !

 

Je n'envisage même plus désormais d'écrire de la SF sans visionner Fellini...

Voilà pourquoi il y a tant de chroniques consacrées aux films sur mon blog.

 

A bientôt !

Gulzar


Partager cet article
Repost0
4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 18:06

Bonjour à toutes et à tous !

 

Aujourd'hui, longue chronique d'un roman, La Zone du Dehors d'Alain Damasio, que j'ai lu avec grand plaisir. Toutefois l'analyse de la narration que je vais en faire pourra paraître sévère, du moins exigeante.

 

La Zone Dehors Couverture

 

Je tiens ici à rappeller qu'il ne s'agit que de mon avis, de ma sensation et pas de la vérité... Je ne critique pas vraiment ce que je lis ou visionne, au sens du critique qui prétend orienter nos choix, nous dicter un bon et mauvais goût. Je tente de comprendre la manière dont est écrite l'histoire, comment se construit le récit, quelles peuvent être les conséquences sur le lecteur des choix de l'auteur, ou des auteurs.

Ce travail d'analyse formelle m'aide évidemment considérablement à fabriquer mes propres histoires...

 

Pour les malchanceux qui n'auraient pas lu le livre, je résume rapidement. Suite à des guerres qui laissent l'Humanité exangue, n'occupant plus que le continent Africain, des cités démocratiques de quelques millions d'habitants sont bâties sur des astéroïdes, Cerclon I, II, III, etc... Ces cités sont basées sur un modéle social apaisé, censé prévenir de futurs conflits, ressemblant étrangement à la social démocratie à l'européenne..!

Sur Cerclon I, en orbite autour de Saturne, un mouvement clandestin, sans chef ni organisation hiérarchisée, nommé La Volte, tente de réveiller la population, confite dans un confort, une vie aphatique et aliénante de consommation. Les circonstances feront que la lutte contre l'autorité élue s'envenimera, finira en drame. Le mouvement paraît dissous... Le meneur de la Volte, Capt, un professeur de philosophie, va bientôt être arrêté, condamné lors d'une émission télévisé où le public vote pour ou contre sa mise à mort dans le Cube, énorme décharge qui plane au dessus de la cité...

Je ne vous révèlerai pas la fin du roman, bien entendu !

 

*

Indéniablement, le roman dégage un charme réel, grâce à ses inventions jubilatoires. Les tactiques efficaces et farfelues de lutte urbaine de La Volte, le fonctionnement du mouvement lui-même et ses principaux membres sont bien écrits et enthousiasmants.

Le vocabulaire, l'argot des adeptes de la Zone du Dehors qui désigne tout l'espace qui entoure la cité circulaire de Cerclon est aussi très agréable à lire, suffisamment surprenant sans être incompréhensible. La frontière est parfois délicate à établir entre invention et tradition dans ce domaine de l'écriture de mots nouveaux...

 

Tout le chapitre consacré au Cube, endroit impénétrable où se joue d'étranges phénomènes, où est enfermé Capt est riche par l'utilisation du lettrage composant un langage autre, incompréhensible aux humains. Un moment vraiment réussi. Alors que souvent en SF, l'invention typographique frôle l'originalité pour l'originalité, faute de mieux, une grande et belle idée par exemple.

 

L'un des points forts du texte, assez rare je trouve, est que le roman à une conception spatiale et urbaine précise. Cerclon, l'intérieur comme refuge aseptisé, est circulaire, comme son nom l'indique, est entourée de la fameuse Zone du Dehors, chaotique, dangereuse, sale, hideuse. Un anneau, sorte d'autoroute frontière où foncent les Volteurs en bobsleighs, séparent l'intérieur de l'extérieur.

Au centre de Cerclon se situe le pouvoir, la tour télévisuelle relais.

Un cube déchetterie et radioactif, épée de Damoclés, surplombe la cité, tandis que Saturne et ses anneaux forment au-dessus un ensemble mouvant qui ammène un peu de vie...

J'ai été tout du long du roman plongé dans cet univers cohérent, ce qui je crois m'a aidé à assimilier tout le reste ! Il y a là une construction de l'univers physique pertinente, simple et efficace.


*

J'ai ressenti toutefois trois grands axiomes du roman qui m'ont, non pas empêché de l'apprécier, mais plus je crois de le reconnaîre comme un modéle, une oeuvre aboutie, qui vous laisse sans souffle une fois lue, dans une rare admiration et la sensation que vous ne pourrez pas écrire mieux, jamais !

Mais ceci est sans doute explicable, par une raison bien simple, qui n'a finalement pas grand chose à voir avec le talent de l'auteur.

 

Dans sa post-face, Alain Damasio précise qu'il a commencé à écrire ce roman à 22 ans. C'est extrêmement jeune ! Comment à cet âge maîtriser pleinement l'art de la narration, posséder suffisamment de références ? Même si j'ai lu la version réécriture pour l'édition Folio, forcément La Zone du Dehors est né dans l'enthousisasme, l'envie folle d'écrire, une pulsion littéraire. Et tant mieux, cela se ressent dans le roman ! C'est déjà formidable d'être capable d'écrire un tel livre !

A cet âge, je savais à peine écrire trois phrases d'aplomb...

 

Néanmoins, cela entraîne des conséquences au niveau de la narration, de l'impact final du livre sur sa lectrice, son lecteur. Du moins à mon avis.

 

*

Mais examinons plus attentivement ces trois axiomes qui oeuvrent au dedans de La Zone du Dehors...

 

Premièrement, La Zone du Dehors est fortement encombrée ! Certes, ces mille et une inventions qui parcourent le livre font partie de son charme. Mais d'un autre côté, le roman peut parfois ressembler à une brocante SF ! Ce qui n'a rien d'illogique, puisqu'il s'agit pour La Volte de secouer la société, d'inventer sans cesse leur mode de vie, de lutter par mille bricolages.

Je reste tout de même persuadé que quelques pages de moins seraient les bienvenues, rendrait le roman plus fort, plus puissant car plus ramassé sur lui-même.

Paradoxalement, la fin prometteuse en elle toute seule est une seconde histoire ! Mais voilà, Alain Damasio n'a plus la place de la développer, sinon à passer à 800 pages ! Il n'ose pas non plus l'évoquer en un paragraphe lapidaire...


La longueur permet de développer tout un monde, la concision permet de rester dans la mémoire du lecteur. Peut-être aurais-je du lire la première version de La Zone du Dehors...

 

Deuxièmement, le roman est ouvertement revendicatif, révolté, porteur d'un discours politique sur la société bourgeoise, la démocratie élective. Certes, encore une fois, c'est dans la logique narrative, puisque le roman raconte le parcours d'un mouvement anarchiste, La Volte !

Mais dans le même temps, l'auteur s'impose, et nous impose, de longues pages explicatives, qui ne sont pas forcément le discours des personnages, mais le sien. Cela m'a parfois gêné à la lecture. J'avais envie que cela cesse, pour revenir au roman et dans l'action !


Plus que par la parole, La Volte est surtout formidable par ses actes défiant plus que l'Autorité, la société même !


Plus globalement, de la fiction peut-elle être politisée à ce point sans en subir de désagréables conséquences, tel que la lassitude du lectorat ? Non pas que l'analyse d'Alain Damasio soit naïf ou inintéressante, bien au contraire ! Ce n'est pas le souci.

Le souci est que fait-on dans un roman ? L'on raconte une histoire, ou bien l'on défend des idées ?

 

Impossible en réalité de faire l'un sans l'autre, à moins d'être un médiocre écrivain de SF ! Néanmoins je reste persuadé qu'Asimov ne défendait ou dénonçait pas les Robots... Il écrivait des histoires de Robots.

 

Cela a amené Alain Damasio à écrire plusieurs confrontations directes, de rencontres physiques entre le Président élu de Cerclon I et Capt, le meneur de La Volte. Parfois, ces pages paraissent suréalistes. J'ai eu de la peine à imaginer qu'un politique s'abaisserait à rencontrer ce terroriste, même si l'on comprendra à quel point il avait besoin de le jauger. J'aurai tenté d'imaginer une autre forme de dialogue, par un tierce personne, un mode opératoire inédit.

 

Autre souci, que je retrouve parfois chez un très bon auteur de roman noir, Didier Daeninckx, très dénonciateur, causant politique. Les personnages opposés à ses idées n'existent même pas. Ils sont absents, non de la narration, mais de la chair même du texte. Je vous conseille tout de même en Livre de Poche le formidable Cannibale !

Hors un auteur n'a peut-être pas à faire le tri, surtout aussi tranché, entre ses personnages... C'est du moins ce que j'apprécie, ce que je tente de faire dans mes propres écrits.

 

Dans La Zone du Dehors, la population soumise, peureuse, n'existe pas, est pratiquement sans consistance, hormis deux trois rencontres fugaces. En réalité, je crois que la population de Cerclon I, ce sont les lecteurs du roman eux-mêmes... Nous et notre croyance dans les vertus de la démocratie parlementaire telle qu'elle se pratique aujourd'hui...

 

*

Troisième et dernier axiome que j'ai trouvé très intéressant, mais étrangement sous-exploité du roman, la philosophie !

Car Capt, le meneur de La Volte est professeur de philosophie. Quelques pages sont consacrés à l'un de ses cours, deux trois noms sont cités, Deleuze, etc...

 

Et c'est tout.

 

Toute la problématique de La Zone du Dehors est sur comment passer à l'action ? Cela justifie sans doute pour l'auteur, et il a parfaitement raison, de ne pas s'encombrer de longs discours, livre ouvert sur le bureau. Mais j'ai regretté, une fois le roman achevé, ce manque de philosophie, alors que le personnage central le portait en lui. Un grand roman SF sur la philosphie aurait pu être là, entre mes mains !

J'aurais tant aimé refermer le livre en ayant une envie folle de philosophie, d'ouvrir d'autres livres, d'autres pensées. Je n'ai pas eu cette sensation.

 

Mais peut-être Capt veut-il se débarasser de la philosophie, qu'il préfère la vie aux discours, l'acte à la parole ? Alors cette absence prend son sens.

 

*

Pour conclure, La Zone du Dehors est pour moi un livre enrichissant, plein de suprises, d'inventions pertinentes. Je regrette simplement que par son inexpérience narrative, de jeunesse, Alain Damasio n'ait pas pu emmener son roman vers l'Anarchie suprême, le bordel intégral, pulvérisant définitivement le discours trop présent au profit des actes ! 

Mais peut-être également que la volonté de perfection esthétique est-elle ridiculement bourgeoise...

*

 

Je vais lire au plus vite La horde du contrevent, son autre roman publié chez l'éditeur La Volte, cela ne s'invente pas !

 

A bientôt, avec la chronique d'un court roman de Philippe Curval !

Gulzar

 

Partager cet article
Repost0
4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 15:06

Bonjour à toutes et à tous.

 

Quelques photographies de deux tags, trouvés tout près de chez moi ! Ou plus précisément, des images papier collées sur le mur... La SF est partout !

 

IMG 9859

IMG 9857

 

IMG 9862

IMG 9863

 

Appréciez la différence de forme ! Nous passons de Reynolds à Asimov...

Le second personnage est extérieur à nous, une boîte de conserve sur pattes, tandis que la première est bien plus terrifiant, dévorant notre cerveau de mille artifices, tout ça pour devenir un plus qu'humain...

Gulzar

Partager cet article
Repost0