Être accompagné
- Vous sauriez donc qui est Fréda Caron, la Grande Jardinière de la Greffe Noire ?
Wictorius ne put qu’admettre la vérité devant Beatrix Bigodo.
- Malheureusement non… Le Conglomérat Biblique d’Amérique du Nord dont elle est originaire refuse toute collaboration avec nos services ultra compétents qui soupçonnent sa présence quelque part dans l’immensité arboricole qui envahit notre beau pays. Mais je la trouverai, malgré les serpents, les tribus indiennes dégénérées, l’humidité que l’on dit redoutable. Et j’amènerai cette criminelle devant la Justice ! On n’a pas idée tout de même de vouloir réveiller la conscience endormie des masses plantureuses…
- J’admire votre courage, agent Wictorius. Et comment la retrouverez-vous ?
- J’improviserai, comme toujours. Repérer une base secrète n’a rien de bien compliqué pour un professionnel comme moi !
Saisissant un arrosoir rose, Beatrix se mit à soulager de leur soif une rangée de tulipes noires.
- J’ai bien peur qu’en voulant sauver l’Humanité, vous en oubliez de sauver les plantes innocentes. L’Amazonie a suffisamment souffert dans le passé… Je me propose de vous accompagner ! En espionnage, vous vous y entendez certainement, en psychologie végétale, j’en doute fort…
Surpris, Wictorius faillit marcher sur une espèce de fougère venimeuse rampante qui en voulait à ses élégantes chaussures de prix.
- C’est que j’opère habituellement seul ! Une rafale de mitraillette vous coupe une femme en deux ! Et vos plantes, vous les abandonneriez ?
- J’ai Ivor pour s‘en occuper, en qui j’ai toute confiance… Tenez, le voici !
Apparut un géant borgne typé race norvégienne dans sa salopette verte, la tignasse blonde sous sa casquette Nenúfar Triunfo et l’œil mauvais. Immédiatement, Wictorius le trouva sournois, pas si grand que cela. Surtout, le meurtrier sécateur dans ses mains nerveuses dégoulinait de sève rouge.
- M’dame Beatrix, faut qu’j’occupe de c’type ?
La suite demain !