Boire le thé et se taire
Wictorius s’étonna. L’impétueuse Madame Bigodo exagérait certainement.
- Tiens donc ? De part mes origines, je serais une plante verte ?
- Véritablement ! L’on a retrouvé dernièrement encore des gènes de baobab parmi la population Kirghiz. N’oubliez pas que nous sommes fait d’eau, de beaucoup d’eau, comme toute plante. Nous usons de la parole, qui n’est rien par rapport à l’univers fabuleux de la communication entre individus par les racines, les effluves. Chaque espèce possède son propre langage !
Beatrix reposa la plante malade et invita Wictorius à pénétrer dans sa cabane bureau.
- Il est vrai que parfois, moi aussi, je parle avec mes plantes Marjorie, Azhar et Barbarella mais je ne m’attends guère à ce qu’elles me répondent… Revenons à la Greffe Noire, que savez-vous de sa fondatrice, Fréda Caron, originaire de Santa Barbara ?
- Je ne suis pas espionne, j’en sais moins que vous, cher Wictorius ! Je me préoccupe d’abord de préserver mes pauvres plantes victimes de la barbarie… Avec tout notre pauvre numérique, nous tentons tout juste de rattraper ce que l’évolution nous a fait perdre… mais nous discutons et je ne vous offre rien ! Voulez-vous une tasse de thé ?
- N’avez-vous pas une splendide cafetière ?
- Elle est en panne. Thé de Ceylan ou thé compacté ?
- Et bien, je vous laisse choisir… Peu m’importe.
Dépité, Wictorius en voulut à cette Beatrix pour ne pas avoir réparé la somptueuse Bialetti à temps pour sa visite. Il ne supportait pas le thé, boisson dégradante. Wictorius reprit trois sucres supplémentaire pour avaler la sombre mixture qui lui déchirait l‘estomac. Sa flore intestinale Bétazoïda était mise à rude épreuve.
- J’oubliais. J’ai croisé votre mari Luis au Kadhafi bar ! Il vous demande de ramener pour le repas du soir une courge pour quinze personnes…
La suite demain !